View in

English

CARA : évaluer le risque de transmission aéroportée du COVID-19

CARA, le logiciel conçu au CERN pour modéliser la concentration de virus dans des lieux clos, aidera à la prise de décisions en matière de gestion des espaces sur les sites du CERN

11 mar 2022

CARA graphs
CARA graphs (Image: CERN)

Depuis le début de la pandémie de COVID-19, le CERN favorise une approche proactive pour faire face à ce fléau en mettant en place des mesures sanitaires strictes relatives au COVID-19. Parmi ces mesures figurent des instructions concernant l'utilisation des espaces de travail et des salles de réunion dans le but de limiter autant que possible le risque de transmission aéroportée. L'illustration la plus récente de cette approche dynamique est la mise en service de l'outil CARA (COVID Airborne Risk Assessment tool), développé par le CERN, qui s’appuie sur la compréhension scientifique du risque de transmission aéroportée du COVID-19 dans des espaces intérieurs du CERN.

Initialement développé par Andre Henriques, de l'unité Santé et sécurité au travail et protection de l'environnement (HSE), l'outil bénéficie de précieuses contributions de la part d'ingénieurs et de physiciens des départements Physique expérimentale (EP), Faisceaux (BE) et Technologies de l’information (IT) (voir la liste complète). Il modélise le profil de concentration de potentiels virus infectieux dans des espaces clos à l'aide de graphiques clairs et intuitifs. L'utilisateur peut définir un certain nombre de paramètres, tels que le volume de la salle, la durée d'exposition, le type d'activité, le port du masque et la ventilation. Le rapport généré par le logiciel donne des orientations sur la manière d'éviter un dépassement des concentrations critiques et la transmission aéroportée de virus dans des espaces tels que des bureaux individuels, des salles de réunion ou des laboratoires.

Grâce à l'outil CARA, les responsables de la gestion des espaces et les délégués à la sécurité peuvent ainsi déterminer si les mesures de base en place permettent d'assurer un niveau de risque acceptable et sont adaptées à un lieu de travail donné. En analysant la manière dont varient les concentrations de virus dans des espaces spécifiques, en fonction de différents facteurs comme la présence d'une fenêtre fermée ou ouverte, ou l’utilisation d’un système de filtration HEPA, le logiciel donne des indications sur les mesures à adopter pour limiter le plus possible le risque de transmission, et peut aider à déterminer des investissements ciblés dans des solutions techniques, telles que des systèmes de ventilation ou de filtration.

« L'idée de départ à l’origine de l'outil CARA était d'évaluer scientifiquement la présence de risques, par exemple lorsqu'un orateur retire son masque lors d’une conférence donnée dans la salle du Conseil, ou lorsque plusieurs personnes partagent le même bureau », explique Andre Henriques.

Le modèle d'origine a été codé au moyen du logiciel Wolfram Mathematica. Deux versions différentes de l'outil CARA sont à présent disponibles en Python, offrant une interface web utilisable par toute personne au CERN. L'utilisateur remplit tout d'abord un simple formulaire web, à partir duquel l’application de calcul (« COVID Calculator ») établit rapidement une évaluation de la concentration de virus dans différents lieux de travail. L'application spécialisée (« Expert App »), dont l'interface présente des paramètres plus détaillés, permet, quant à elle, aux délégués à la sécurité, aux responsables de la gestion des espaces ou aux superviseurs à l'échelle d’un département d'adapter les mesures à prendre aux zones surveillées.

Si le logiciel permet déjà de fournir des résultats précis sur des doses de virus potentiellement inhalées en des lieux déterminés, les versions futures prendront mieux en compte certaines incertitudes liées aux paramètres en vue d'obtenir un résultat encore plus détaillé et précis. Conçu initialement pour une utilisation interne, le logiciel offre également des possibilités de transfert de connaissances dans le domaine médical : en collaboration avec le groupe Transfert de connaissances du CERN, l'équipe CARA a commencé à collaborer avec l'Institut de santé globale de l'Université de Genève, ainsi qu'avec le projet BioDynaMo.